L'implant cochléaire
Ce type d’implant est un neurostimulateur: il passe «par-dessus» le mécanisme de vibration du tympan et des osselets de l’oreille moyenne pour aller directement stimuler, de façon électrique, les fibres nerveuses: les cellules ciliées sont «remplacées» par des électrodes insérées dans la cochlée (l’implant compte une vingtaine d’électrodes: le nombre exact varie selon les différents manufacturiers d’implants).
L’implant compte deux parties différentes: une partie externe et une partie interne. La partie interne est insérée chirurgicalement sous la peau derrière l’oreille. La partie externe est constituée de deux éléments: le processeur et l’antenne. L’antenne est déposée sur la peau; elle est aimantée pour se «coller» avec la partie interne et le processeur s’accroche derrière l’oreille, à la manière d’une prothèse auditive contour d’oreille.
Comment ça fonctionne?
Le processeur est équipé d’un micro qui capte les sons ambiants et d’un analyseur, qui traite les sons. Les sons sont codés et transmis à la partie interne, qui transforme les sons en impulsions électriques envoyées aux électrodes. Les électrodes stimulent le nerf auditif qui envoie l’information vers le cerveau.
L’implant cochléaire, c’est pour qui?
- Les personnes qui ont une surdité neurosensorielle de sévère à profonde;
- Celles qui retirent trop peu de bénéfices de l’amplification conventionnelle (prothèses auditives);
- Celles qui n’ont pas de contre-indications médicales (par exemple, une malformation de l’oreille interne qui empêcherait d’insérer des électrodes).
Note: Les candidatures des personnes qui désirent obtenir un implant cochléaire sont analysées avec le plus grand soin. Les équipes des centres d’implantation cochléaire évaluent si l’implant cochléaire est la ressource appropriée à chaque candidat.
Comment procède-t-on à l’implantation?
Depuis octobre 2022, il y a deux hôpitaux dans la province qui font l’opération pour installer l’implant, un à Québec (CHU de Québec) et un à Montréal (Centre universitaire de santé McGill). Toutes des demandes passent par le guichet provincial du programme québécois d’implants cochléaires qui est situé au CHU de Québec, puis sont transférées au pôle correspondant au lieu de résidence de l’usager, selon la répartition suivante, établie par le ministère de la santé et des services sociaux (MSSS):
Pôle Est | Pôle Ouest |
01- Bas-Saint-Laurent 02- Saguenay-Lac-Saint-Jean 03- Capitale-Nationale 04- Mauricie-et-Centre-du-Québec 05- Estrie 09- Côte-Nord 10- Nord-du-Québec 11- Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine 12- Chaudières-Appalaches | 06- Montréal 07- Outaouais 08- Abitibi-Témiscamingue 13- Laval 14- Lanaudière 15- Laurentides 16- Montérégie 17- Nunavik 18- Terres-Cries-de-la-Baie-James |
Mais le patient a toujours le choix de se faire opérer dans l’un ou l’autre des pôles.
Voir les sites web CUSM et CHU de Québec pour des informations détaillées et à jour.
Les critères de sélection sont les mêmes dans les deux centres d’implantation. À Montréal, l’évaluation, l’opération et tous les suivis médicaux se font à l’Hôpital de Montréal pour enfants. À Québec, ça se passe à l’Hôtel-Dieu de Québec et au CIUSSS de la Capitale-Nationale.
Après l’acceptation de la candidature, on procède à l’intervention chirurgicale selon la chronologie suivante:
- La veille: examens ORL pré-opératoires
- Le jour même:
- Chirurgie = durée de 2 heures
- Sortie de l’hôpital le jour même = chirurgie d’un jour (ambulatoire)
- Activation de l’implant dès le lendemain (offert à Québec seulement)
- Convalescence = environ 2 semaines (7 jours sans aller à la garderie ou à l’école (attendre un mois pour les activités physiques)
- Après la convalescence:
- programmation initiale intensive = environ 3 jours
- Réadaptation fonctionnelle intensive (RFI) = environ 12 semaines au centre de réadaptation désigné
Quelles sont les étapes suivant l’implantation?
- La programmation: un audiologiste doit programmer l’implant pour que la personne se sente confortable. Un seuil électrique minimal et un niveau de confort sont fixés pour chaque électrode. Avec la personne, l’audiologiste choisit aussi une stratégie de codage, c’est-à-dire le type de stimulation électrique qui convient le mieux – en évaluant les performances d’habiletés auditives. Pour les très jeunes enfants, les paramètres par défaut sont conservés.
- La réadaptation: l’implant ne rend pas une audition normale. Quand on a déjà entendu, il produit des sensations auditives différentes de notre souvenir – donc on doit réapprendre à entendre et à comprendre (c’est le cas des adultes devenus sourds). Quand on n’a jamais entendu, ces sensations auditives n’ont aucun sens – donc, on doit apprendre à entendre, à percevoir et à interpréter le son – et développer son langage à travers tout ça quand on est un jeune enfant, c’est tout un défi !
Conseil pratique
L’association des implantés cochléaires du Québec (AICQ) peut vous accompagner, vous conseiller et vous offrir du soutien et différents services et aides financières tout au long du processus d’implantation et pour la suite !
Quels sont les bénéfices de l’implant?
Personne n’a de boule de cristal: on ne peut JAMAIS prévoir ce que l’implantation cochléaire va donner. Les bénéfices attendus de l’implant dépendent de très nombreux facteurs dont le moment où est apparu la surdité profonde, la quantité d’audition avant l’implant, les habitudes de port de prothèses (le fait d’avoir eu accès ou non à une certaine entrée auditive avant l’implant), le nombre d’électrodes insérées dans la cochlée, des attentes réalistes, les capacités d’apprentissage et d’adaptation, la présence d’autres incapacités, la continuité et la fréquence des services reçus… Chose certaine, de nombreuses recherches montrent que l’enfant qui reçoit l’implant en bas âge (autour de 2 ans) a des bonnes chances de développer son langage et ses capacités à parler grâce à l’audition.
CEPENDANT
- L’implant n’élimine pas les effets d’une perte auditive importante (ce n’est pas comme une paire de lunettes).
- Il y a une grande variabilité dans les performances.
- Les enfants avec implant ont besoin de suivis fréquents et continus.
- Tout le monde doit travailler de concert, avec effort.
Il faut se méfier des experts qui promettent la lune avec des thérapies révolutionnaires ou qui présentent des solutions miracles pour traiter la surdité. Tous les experts sérieux le diront: peu importe le chemin que le parent empruntera pour accompagner son enfant dans sa surdité, il sera jonché d’obstacles et de difficultés, de réussites et de grands accomplissements. Peu importe l’approche adoptée, les technologies utilisées, les interventions choisies, les parents et leur enfant ne vogueront pas sur un «long fleuve tranquille». Ils devront persévérer et faire des efforts qui, quelquefois, leur sembleront inutiles. Toutefois, n’oubliez pas: il y a de l’ESPOIR.
Est-ce qu’il est mieux d’avoir un implant à 1 an plutôt qu’à 2 ans?
Les recherches ont démontré que l’implantation cochléaire avant l’âge d’un an, même dès l’âge de 6 mois, ne comportait pas de risques accrus sur le plan chirurgical. Par contre, il existe un mince risque de ne pas avoir établi avec certitude le degré de perte auditive (et peut-être que des appareils auditifs feraient le travail). Aussi, ça reste un certain défi de programmer un implant chez un très jeune enfant.
Les résultats des recherches sur le développement du langage d’enfants qui ont un implant en bas de l’âge d’un an montrent de plus en plus souvent un avantage de bénéficier d’une implantation très précoce. Certains chercheurs ont trouvé que les enfants implantés avant l’âge d’un an avaient des résultats meilleurs en langage, que ceux ayant reçu un implant à 2 ans. Mais attention ! Les résultats de recherche montrent beaucoup de variabilité et ils dépendent de l’âge auquel on a évalué les enfants et des tests de langage auxquels on les a soumis. Prudence ! Demandez à vos intervenants de vous tenir à jour sur les avancées en recherche. Avoir un implant à l’âge d’un an n’est pas une «assurance-développement normal du langage». L’un des facteurs les plus déterminants pour développer un bon langage n’est pas l’âge à l’implantation mais bien la quantité (et la qualité) de langage utilisée par les parents durant les 5 premières années après l’implant.
Est-ce que deux implants valent mieux qu’un?
L’implantation bilatérale est devenue une pratique très répandue chez les jeunes enfants. Évidemment, on entend «mieux» avec deux oreilles qu’avec une seule et avec deux appareils auditifs au lieu d’un seul. Ainsi, on a clairement démontré dans la recherche que deux implants permettaient de mieux localiser la provenance des sons et d’améliorer la perception des sons de la parole, dans le silence et dans le bruit.
Mais qu’est-ce que ça a comme effet sur le développement du langage? Encore une fois, il faut se tourner vers la recherche récente pour faire la part des choses. Sur le plan du langage, les résultats de recherche restent encore assez peu nombreux et il y a beaucoup de variabilité: on n’a pas encore réussi à démontrer hors de tout doute des avantages clairement mesurables sur le développement du langage. Il faudra suivre de près ce que dit la recherche.
Avant de prendre une décision, réfléchissez à vos attentes par rapport à ce que l’on sait ce que ça peut donner sur le plan du langage – et pensez que les deux oreilles seront «utilisées» par des technologies … Qui sait ce que l’avenir nous réserve au plan de l’appareillage auditif?
Entendre, c’est plus qu’une histoire de volume sonore, c’est aussi la capacité de distinguer les sons et de les situer dans l’espace. Or, ces habiletés se développent avec une audition active, dans les deux oreilles. C’est ce qu’on appelle l’audition binaurale. Depuis plusieurs années, les possibilités en termes d’appareillage se sont ainsi développées en considérant cette donnée.
Quoi? On implante les surdités unilatérales maintenant?
De plus en plus d’équipes d’implantation cochléaire dans le monde offrent un implant à des enfants qui ont une surdité à une seule oreille (surdité unilatérale). Ces enfants reçoivent habituellement un implant à un âge un peu plus avancé (après l’âge de 3 ans, souvent durant l’école primaire ou plus tard). Les résultats de recherche à ce jour ont montré des améliorations dans la perception des sons, notamment dans le bruit.




