Votre enfant chemine dans le système scolaire
Les premiers pas dans le système scolaire apportent souvent de grands changements que vous avez peut-être vécus sereinement ou avec un certain stress. Quoi qu’il en soit, votre enfant est maintenant à l’école et son cheminement est bien amorcé. Les services qu’on lui offre vous semblent peut-être restreints, mais vous êtes contents de ce qui est fait par les intervenants du milieu scolaire. Toutefois, vous vous inquiétez un peu du rythme d’apprentissage de votre enfant, soit parce qu’il vous semble trop lent, soit parce qu’il vous semble trop exigeant.
Comme tous les enfants, ceux qui vivent avec une surdité connaissent des hauts et des bas dans leur cheminement scolaire. Lorsque tout va bien à l’école, les parents se sentent généralement soulagés et positifs par rapport à ce qu’on demande à leur enfant. Toutefois, dans les périodes plus difficiles, les parents s’inquiètent de la pression qu’on met sur leur enfant et il est normal qu’ils se questionnent sur ce qu’on exige de lui, mais aussi sur ce qu’on attend d’eux. Cela est d’autant plus vrai lorsque les deux parents ne s’entendent pas sur ce qui doit être fait, sur celui ou celle qui est responsable des devoirs ou sur qui doit aller aux réunions de parents.
Il est très important de vous entendre avec votre conjoint/conjointe sur ce qu’il y a à faire pour aider votre enfant sur le plan scolaire. Misez sur les forces de votre enfant, sur ses capacités et sur ses intérêts. Encouragez-le, mais surtout, restez solidaire votre conjoint/conjointe et vous : on n’est jamais trop de deux pour accompagner un enfant qui a une surdité dans son cheminement scolaire.
Dans les moments de découragement, ne vous laissez pas entraîner dans une routine où vous motivez votre enfant par la négative (fais tes devoirs, sinon il y aura une punition) et utilisez des approches plus positives (tu es tellement bon en mathématiques, commence par là). La surdité de votre enfant n’est pas, en soi, un frein à son cheminement scolaire. Encouragez-le, mais surtout, restez solidaire votre conjoint/conjointe et vous: on est jamais trop de deux pour accompagner un enfant qui a une surdité dans son cheminement scolaire.
Ressource AQEPA
L’AQEPA a regroupé dans une trousse en ligne les documents et les ressources pour aider les parents, les équipes pédagogiques et les jeunes vivant avec une surdité à informer et sensibiliser leur milieu pour que chaque nouvelle année scolaire se déroule dans les meilleures conditions.
Information pratique
L’Office des personnes handicapées du Québec a publié le Guide sur le parcours scolaire pour les parents d’un enfant handicapé. Il vise à informer les parents et à les soutenir dans leurs réflexions et dans leurs démarches concernant le parcours scolaire de leur enfant d’âge préscolaire, primaire ou secondaire, en situation de handicap, qu’il soit scolarisé en classe ordinaire, en classe spéciale ou à l’école spécialisée.
Journal intime
Témoignage audio - Maman
Transcription écrite du témoignage
Maman : “Ouf! Y’a des moments plus difficiles que d’autres! Ces temps-ci, on est dans un méchant creux de vague. Ma Grande a l’air découragée. Il faut la pousser dans le dos tous les matins pour qu’elle parte pour l’école. Chaque soir, c’est la guerre pour lui faire faire ses devoirs! Elle hurle que, de toute façon, elle peut pas réussir comme les élèves de sa classe. En plus, mon conjoint et moi on est pas du tout d’accord sur l’attitude à avoir et on s’engueule à tout bout de champ. L’inclusion, c’est beau en principe, mais après nous-autres les parents, qui nous soutient? Y a aussi de moins en moins de services. On dirait que mon chum s’en rend pas compte! On se tape vraiment sur les nerfs!
Aux rencontres de l’association de parents, je vois des couples qui se sont beaucoup rapprochés dans tout ce processus, mais y en a d’autres qui se sont séparés… C’est épeurant.“
Les relations avec les autres
Autre sujet de tracas concernant l’école: la relation de votre enfant avec ses camarades et les adultes qui l’entourent. Vous aimeriez que votre enfant soit invité aux fêtes des amis de sa classe, qu’il soit inclus dans leurs jeux, et surtout, qu’il ne soit pas la cible des préjugés des autres parents ou des adultes qui travaillent à l’école.
Encore une fois, comme n’importe quels enfants, ceux ayant une surdité peuvent être rejetés par les autres, être l’objet de moqueries ou, , être victime d’intimidation. Parce qu’ils sont différents, les enfants qui présentent une surdité sont plus à risque que les autres d’être exposés à ce genre de comportements négatifs, surtout s’ils ne sont pas accompagnés de façon adéquate dans leur cheminement scolaire. Par contre, des recherches ont démontré qu’au secondaire, les élèves sourds n’étaient pas nécessairement plus souvent victimes d’intimidation que les élèves entendants. Un travail d’éducation est néanmoins nécessaire afin que les autres élèves –et les adultes qui travaillent à l’école– soient conscients de ce que vivent les enfants ayant une surdité.
En tant que parent, s’ajoute à toutes les tâches et les responsabilités que vous assumez déjà, un rôle d’éducateur auprès des élèves et des adultes que côtoie votre enfant. Ce rôle est très important, car il permettra aux personnes qui côtoient votre enfant de savoir comment communiquer avec lui. En leur expliquant mieux les capacités et les limites de votre enfant, vous les aiderez à dépasser leurs préjugés et leurs peurs. Vous devez «éduquer» les autres élèves, leurs parents et les différents adultes qui gravitent autour de votre enfant. Bien entendu, tout le monde n’est pas à l’aise de faire une présentation devant la classe de son enfant ou de rencontrer les membres du personnel de l’école: faites-vous aider des intervenants que vous connaissez, des membres de votre famille élargie, de votre voisinage, etc. Peu importe le moyen, trouvez une façon de déjouer l’un des pires ennemis de votre enfant: l’ignorance.
Témoignages
Une jeune femme ayant une surdité raconte : « Je sais que je suis différente, donc je m’attendais à ce que mon entrée au secondaire fasse ressortir ma surdité. Les jeunes de 1re ou de 2e secondaire n’ont que 12-13 ans, donc ils trouvent bizarre que quelqu’un soit différent. Je me faisais un peu regarder, mais j’avais des amis quand même et j’ai toujours senti que j’étais intégrée.
Selon un autre jeune : « Beaucoup de gens essaient de cacher leur surdité. Ce n’était pas mon cas. Moi je pense que c’est ce qui m’a le plus aidé. Je ne me gênais pas pour faire des blagues là-dessus. Je faisais souvent des jeux de mots : « Ah, j’ai rencontré une autre personne qui était sourde aussi puis on s’entendait pas bien. » À 14 ans, c’est le genre de blague qu’on trouve drôle. Je n’hésitais pas à rire de ma surdité. »
Journal intime
Témoignage audio - Papa
Transcription écrite du témoignage
Papa : “Pis moi là, je suis vraiment fatigué de répondre TOUJOURS aux mêmes questions, d’entendre TOUJOURS les mêmes petits commentaires.
Mon préféré : « Ah! Elle est sourde-muette ! » … Franchement! On est pas en 1950.
Je peux pas croire que les gens disent encore ça! Et puis qu’est-ce que ça veut dire, ça : « Ah! Elle est tu sourde…» qu’est-ce qu’ils insinuent, tout le temps là?
Ces temps-ci, c’est simple, je les enverrais promener. Faut être fait solide pour être parent d’un enfant différent !
Okay parfois, c’est juste de l’ignorance pis les gens réalisent vite qu’ils ont dit une niaiserie. Mais parfois (soupir) … c’est vraiment blessant.
Et puis, c’est-tu vraiment mon rôle de les éduquer ?
En fait le plus dur, c’est quand des gens, adultes ou enfants, passent des commentaires sur elle, alors qu’elle les voit pas et qu’elle peut pas les entendre. Ça là… ça me brise le cœur. (soupir)
Bon. J’essaie de me dire que c’est normal, que y a des hauts et des bas. Je dois garder mon attention sur la priorité : trouver des stratégies pour l’encourager elle, pour qu’elle se sente capable.“





